Alors qu'on dénombrait moins de 1 500 piscines enterrées sur le territoire en 1965, leur nombre est monté à 685 000 en 1999, pour ensuite quintupler au cours des 25 années suivantes, passant de 1 piscine pour 80 habitants à 1 pour 20 !
La FPP nous livre les grandes tendances du secteur, chiffres à l'appui
L'Hexagone dépasse en effet désormais les 3,6 millions de piscines familiales à fin 2024, soit 94 480 de plus qu'en 2023 : +48 820 enterrées et +45 650 hors sol.
Le pays possède même le plus grand parc de piscines enterrées d'Europe (1,73 million) et le 3e du monde, juste après les USA et le Brésil.
2024 : plus de 3.6 millions de piscines familiales
Pourquoi un tel succès ?
Parce qu'en France, les piscines de demain sont déjà là. Adaptées aux petits espaces, leurs lignes sont épurées, leur entretien facilité, souvent automatisé, et ce sont des piscines basse consommation.
En effet, les professionnels de la piscine proposent de nombreuses solutions pour réduire leur impact, tant en eau qu'en énergie, que ce soit au moment de la première installation, de l'actualisation (pool staging) ou de la rénovation.
De nombreux progrès ont en effet eu lieu du côté de la consommation d'énergie des piscines, que ce soit pour la puissance nécessaire à la filtration, au chauffage ou à l'éclairage.
Concernant la consommation d'eau, il faut savoir qu'une piscine française de 4 x 8 m n'utilise en moyenne que 7 m³ d'eau lorsqu'elle fait l'objet d'un hivernage actif, qui ne nécessite pas d'abaissement de la ligne d'eau d'un tiers du volume du bassin comme en hivernage passif.
De plus, la couverture des bassins permet d'éviter l'évaporation : jusqu'à 95 % en moins lorsqu'il s'agit d'une couverture, et, d'après la récente étude menée par le laboratoire CSTB, en moyenne 56 % pour un abri.
Les innovations permettent également de réduire l'utilisation de l'eau, comme les systèmes de filtration sans contre-lavage ou avec récupérateur d'eau, l'automatisation des traitements pour conserver la même eau durant des années, ou encore les équipements de récupération de l'eau de pluie.
Cinq fois plus de piscines en 25 ans
La « pool succès » va-t-elle continuer ?
- La France compte désormais plus de 3,6 millions de piscines privées, soit 94 480 de plus qu'en 2023 : +48 820 enterrées et +45 650 hors sol.
- Le parc est désormais composé de 1,73 million de piscines enterrées (48 %) et de 1,87 million de piscines hors sol fixes (52 %).
- En 2024, le marché des piscines reste supérieur en valeur de +2 % par rapport à 2019, même avec un repli de -19 % sur 2024 comparé à 2023.
- Après six années consécutives de hausse de 2016 à 2021, dont deux années records en 2020 (+21,5 %) et 2021 (+32 %), l'évolution du marché des piscines s'est inversée en 2022.
- Le pays a la particularité d'être le plus équipé d'Europe en piscines enterrées (Espagne : 1,3 million ; Allemagne : 770 000 ; Italie : 700 000) et le 3e dans le monde, après les États-Unis (env. 8,5 millions) et le Brésil (env. 3,4 millions).
Alors ? et Après ?
Une histoire d'eau profondément française
Jean Viard, sociologue - directeur de recherche associé au Cevipof-CNRS - a accordé un entretien à la FPP pour mettre en parallèle les évolutions de la société française et le boom des piscines en France.
Il constate que l'eau tient une place particulièrement importante en France et que ses habitants y sont très attachés.
Jean Viard, sociologue, à la conférence de presse de la FPP
Bordée par la Manche, l'océan Atlantique et la Méditerranée, la France métropolitaine dispose d'environ 5 500 kilomètres de littoral. Elle est traversée par plus de 500 000 kilomètres de cours d'eau et compte des milliers de plans d'eau. Et ce n'est pas tout : les zones humides couvrent environ 2 millions d'hectares !
L'eau est ainsi profondément ancrée dans la culture française. Que ce soit au bord d'un ruisseau, d'une mare ou dans les vagues de l'océan, les Français ont une histoire intimement liée à l'eau.
De plus, la France a connu un développement très précoce des stations balnéaires avec le développement du réseau ferroviaire reliant les terres au bord de mer.
Dès le XIXe siècle, un nombre croissant de Français a pu découvrir le littoral, amorçant la tradition de la "cure de mer". Deauville, Biarritz, La Baule ou Nice deviennent des lieux de détente et des vitrines de modernité et de raffinement, façonnant l'imaginaire collectif.
Désormais, le littoral attire aussi bien les retraités que les entreprises de la high-tech, comme c'est le cas pour Sophia Antipolis, située près d'Antibes.
D'après l'enquête CSA menée en 2023 pour la FPP, les propriétaires de piscines représentent 23 % de la population française. Parmi les non-possesseurs disposant d'un terrain « piscinable », c'est-à-dire 30 % des Français, 4 sur 10 déclarent souhaiter disposer d'une piscine familiale dans leur jardin. Une donnée qui confirme le rêve de piscine des Français, qui souhaiteraient passer le pas si les conditions le permettaient.
Aujourd'hui encore, la piscine constitue ainsi ce petit « bout de mer » dont les Français peuvent profiter librement chez eux, et qui donne un air de vacances à tous leurs moments passés à domicile !
Progression des piscines enterrées chez les employés, ouvriers et agriculteurs : +9 points en 4 ans
Un habitat favorable au développement du parc
Et concrètement, comment cette évolution se traduit-elle ? Grâce à un habitat favorable au développement des piscines.
En effet, les Français logent principalement dans des maisons individuelles, qui constituent 55 % des logements contre seulement 45 % pour les appartements (source : Insee 2023).
Les deux tiers (66 %) des Français ont ainsi accès à un jardin attenant à leur domicile (source : IFOP / Union Nationale des Entreprises du Paysage 2022), où peuvent potentiellement être installées des piscines.
25 ans de démocratisation des piscines
Le taux de résidences secondaires est également significatif en France. Le pays en compte plus de 3,6 millions, soit 10 % du parc immobilier total.
Ces maisons de famille sont souvent équipées de piscines, partagées par plusieurs générations de baigneurs : enfants, petits-enfants, parents, grands-parents, cousins, cousines, amis, etc.
Des générations d'enfants ont également appris à nager dans les campings, très populaires dans les années 1960-1970.
En effet, à cette époque, ce type d'hébergement touristique est devenu un mode de vacances privilégié pour de nombreuses familles françaises.
Toujours aujourd'hui, le pays dispose du plus grand nombre de terrains de camping en Europe, avec plus de 7 000 établissements. Les piscines y sont très répandues et elles font même désormais partie des équipements incontournables.
La présence d'une piscine constitue d'ailleurs un critère déterminant pour le choix des hébergements de vacances pour la plupart des Français, que ce soit dans les hôtels, gîtes, résidences ou maisons de vacances.
Piscines basse consommation : encore des solutions concrètes ?
Un premier constat : l'envie de piscine l'emporte sur la crainte des restrictions d'eau.
71 % des Français qui souhaitent une piscine dans leur jardin affirment que les restrictions d'usage de l'eau en période de sécheresse ne remettent pas en cause leur volonté d'acquisition.
(Source : enquête quantitative FPP / 2023, menée auprès d'un échantillon représentatif de 1 005 Français âgés de 18 ans et plus).
Second constat : les solutions sont là... et ne cessent de s'améliorer !
Des piscines plus petites :
La taille moyenne des piscines enterrées a diminué pour s'adapter à tous types de terrains :
42 m² pour les piscines construites avant 1991, contre 29 m² à partir de 2019.
(Source : FPP / Decryptis - Étude sur les possesseurs de maisons individuelles 2022.)
Des piscines plus petites pour des espaces réduits
Des équipements performants :
Toujours selon l'enquête FPP / Decryptis, les abris équipent plus de 18 % des piscines enterrées. En plus d'allonger la durée des baignades, ils réduisent très sensiblement la consommation d'eau. C'est ce que montre la récente étude menée par le laboratoire CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) pour la Commission Abris de la Fédération des Professionnels de la Piscine et du Spa (FPP).
Selon les régions, l'étude révèle que l'eau d'une piscine équipée d'un abri peut rester jusqu'à deux fois plus longtemps au-dessus de 20 °C durant la saison des baignades (du 1er mai au 30 septembre). Et sur les économies d'eau, les résultats sont également parlants : un abri permet de réduire la consommation saisonnière de 65 % à 75 %.
Même constat pour les couvertures : ces championnes de l'anti-évaporation (88 % des propriétaires de piscines enterrées déclarent en être équipés - 64 % de bâches et 24 % de volets roulants automatiques) offrent de multiples avantages. Elles constituent des solutions à la fois abordables, faciles à mettre en oeuvre et efficaces.
Les couvertures de piscine assurent notamment un meilleur maintien de la température de l'eau, la préservation de sa propreté (en la protégeant des feuilles, insectes, etc.), et limitent son évaporation jusqu'à 95 %. Cette fonction devient essentielle avec la multiplication des épisodes de sécheresse, permettant des économies d'eau de plusieurs dizaines de m³ par an.
Les abris et les couvertures de piscine sont un atout majeur pour la préservation de la qualité de l'ensemble de la construction
Quant aux systèmes de filtration, ils consomment aujourd'hui 6,5 fois moins d'énergie qu'il y a 40 ans. En 1980, une pompe de filtration permettait de traiter 25 m³/h pour une consommation annuelle de 5 600 kWh.
Aujourd'hui, les piscines peuvent être équipées de pompes à vitesse variable, pour une consommation énergétique annuelle de seulement 860 kWh/an.
Les systèmes privilégient désormais l'allongement du temps de filtration plutôt que la puissance : les petits moteurs, moins énergivores, ont remplacé les modèles plus puissants.
Pour optimiser la circulation de l'eau, les réseaux hydrauliques sont aussi conçus pour limiter les pertes de charge. Les professionnels utilisent désormais des logiciels de calcul dédiés pour concevoir leurs installations, en simplifiant les réseaux et en évitant les coudes, carrefours, etc.