Les litiges : le cauchemar des pisciniers ! Dans cet épisode, Benjamin Vié, expert prés la cour d'appel de Montpellier et formateur métiers de la piscine, partage les points de vigilance essentiels pour éviter les malentendus et conflits à chaque étape du chantier. Un éclairage précieux pour tous les professionnels de la piscine !
Protéger son entreprise du litige : 3 erreurs juridiques fréquentes à éviter

Vignette de l'épisode 5 saison 2 du podcast Pool Pro Time
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Transcript de l'épisode
Pauline KARA-MIKINDA : Bienvenue sur le podcast Pool Pro Time, le podcast des pros de la piscine.
Pool Pro Time, c'est le premier podcast français créé pour les professionnels de la piscine et du spa. Avant de démarrer la journée, devant un café ou tout simplement en route pour le chantier, prenez le temps d'écouter les conseils, les actualités et les parcours inspirants de ceux qui font et ont fait l'univers de la piscine. Ce podcast est produit par IMC, le groupe média numéro 1 dans l'univers professionnel de la piscine et du spa en France et à l'international, qui vous livre les actualités du secteur tous les deux mois avec le magazine Papier Spécial Pro ou en continu sur Internet avec Eurospapoonews.com et ses réseaux sociaux associés. Pool Pro Time, c'est votre rendez-vous toutes les deux semaines. Je suis Pauline et c'est parti pour l'épisode du jour.
Dans cet épisode, j'ai le plaisir d'accueillir Benjamin Vié, fondateur et formateur à Cap Formation, mais aussi expert judiciaire pour le traitement des litiges dans le secteur de la piscine. De par son expérience, Benjamin voit très souvent apparaître des conflits dont les sources sont très fréquemment les mêmes. Il nous partage les trois erreurs les plus fréquentes que font les pisciniers et qui les amènent aux conflits juridiques et à ses conseils pour les éviter. Je vous laisse avec cet épisode passionnant.
Bonjour, Benjamin, bienvenue dans cet épisode de Pool Pro Time. Avant de commencer, comment vas-tu ?
Benjamin VIE : Tout va très bien.
PKM : Super ! Alors, pour commencer cet épisode, je vais te proposer de te présenter de la façon dont tu le souhaites et de nous expliquer ce que tu fais dans l'univers de la piscine.
BV : Aujourd'hui, je suis le fondateur de Cap Formations Piscine, un centre de formation situé sur Toulouse et sur Montpellier, où nous proposons tout ce qui est formation diplomante et formation en continu pour les professionnels de la piscine. Parallèlement, je travaille en expertise judiciaire sur la Cour d'appel de Montpellier où j'interviens dans les litiges entre particuliers et entreprises.
PKM : D'accord, et on va parler un petit peu de ce sujet-là aujourd'hui. Alors du coup, comment ça se passe pour un piscinier quand il y a litige avec son client ? Qu'est-ce que tu peux nous dire à ce propos ?
BV : Aujourd'hui, la grosse problématique, c'est que le métier de la piscine a plu ces dernières années. On a eu beaucoup d'opportunités d'intégrer ce métier. Grosse problématique, c'est qu'on s'est rendu compte que des personnes n'étaient pas assez formées puisque le métier de la piscine représente énormément de sous-compétences, puisque, pour être un bon piscinier, il faut avoir des compétences en hydraulique, en traitement d'eau, en électricité, en étanchéité et j'en passe. Et beaucoup se sont installés sans passer par la case formation. Et donc, derrière, on se retrouve nous aujourd'hui en tant qu'experts. Il faut savoir que les experts, il y en a deux, on va dire, « catégories ». On a des experts de justice qui travaillent avec des tribunaux où on va intervenir sur des procédures judiciaires et des experts qui interviennent plutôt au niveau amiable. Donc, ils sont soit des experts d'assurance, soit des experts qui accompagnent des clients lorsqu'ils ont des problématiques avec leur entreprise de piscine. Et du coup, aujourd'hui, on a eu une évolution relativement forte sur la demande d'expertises puisqu'aujourd'hui, effectivement, on se retrouve avec des pisciniers ou des piscinistes qui ne maîtrisent pas forcément toutes les compétences de façon théorique ou voire même de façon pratique et qui donnent lieu à beaucoup de désordre qu'on peut retrouver dans le milieu de la piscine.
PKM : Donc, tu dirais qu'en fait, justement, il y a plus de problématiques juridiques aujourd'hui par rapport aux années d'avant Covid, si j'ai bien compris ?
BV : Effectivement. Alors, l'année Covid a été une passation qu'on a faite entre l'avant et l'après et où on a bien compris que le Covid a donné lieu à un engouement sur la partie piscine puisque les gens ne pouvaient pas partir, ont fait des projets qui étaient normalement prévus pour AN+1, AN+2. Et derrière, du coup, le métier de la piscine a connu vraiment une énorme évolution sur ses talents. Et donc, qui dit énorme évolution, dit forcément beaucoup de pisciniers qui sont intervenus. Alors, certains qui avaient pignon sur rue et d'autres un peu moins. Et c'est là, effectivement, qu'ont commencé beaucoup de désordres, alors que c'est sur des constructions, sur de la rénovation, voire même sur de l'entretien piscine, notamment sur les changements de liner, les changements de membrane armée. Et effectivement, derrière, ça a donné lieu à beaucoup, beaucoup d'expertises. Donc, moi, je gère tous les jours et beaucoup aussi de mes confrères que ce soit en judiciaire ou en expertise amiable.
PKM : Et tous ces professionnels, en fait, qui se sont lancés, ils ne se sont pas forcément formés. Puisqu'au tout début, quand on discutait, tu parlais de l'importance de la formation. Pour toi, c'est vraiment quelque chose qui est obligatoire.
BV : Alors, effectivement, il faut savoir qu'il y a une dizaine encore d'années, lorsqu'une personne souhaitait s'installer en piscine, déjà, il y avait une méconnaissance des diplômes des centres de formation de piscine en France. Alors, il faut savoir qu'à l'époque, les centres de formation en étaient très peu, clairement. Alors, aujourd'hui, ça s'est développé. Cependant, c'est vrai que la formation en piscine n'était pas connue. Et donc, on avait des chambres des métiers, voire même des assureurs, qui acceptaient de faire de la création d'entreprise à des personnes qui n'avaient pas forcément de compétences. Et donc, du coup, derrière, c'est passé ce dont on parle, c'est-à-dire qu'effectivement, beaucoup de désordre, puisque le métier de la piscine, c'est énormément de sous-compétences. Pour être un bon piscinier, il faut avoir des compétences en terrassement, en hydrolysité, en traitement d'eau et j'en passe... Et donc, effectivement, de plus en plus aujourd'hui, les chambres des métiers ou de commerce, et surtout les assureurs, demandent de plus en plus aux personnes souhaitant faire de la création d'entreprise, soit des diplômes en fonction de leur création d'entreprise, puisqu'il faut savoir que c'est pareil aujourd'hui, le monde de la piscine, on a des constructeurs de piscines, on peut avoir des rénovateurs de piscine et on peut avoir des personnes qui ne font que de l'entretien de piscine. Et donc, forcément, derrière, on ne va pas répondre aux mêmes obligations par rapport à des assurances, voire même par rapport à de la création d'entreprise. Cependant, de plus en plus aujourd'hui, on note, nous, dans nos salles de formation, puisqu'il faut savoir qu'en formation, on forme sur la partie de Toulouse, Montpellier et Bordeaux, on note de plus en plus de demandes sur des adultes en reconversion souhaitant intégrer le monde de la piscine, sur des formations diplômantes, parce qu'aujourd'hui, dans le cadre de création d'entreprise, les chambres des métiers, voire même et surtout même les assureurs, notamment au niveau décennal, demandent des diplômes de piscine.
PKM : Donc ça, c'est plutôt une bonne chose que les choses évoluent dans ce sens. Mais sinon, Benjamin, toi, tu avais aussi des conseils à nous donner. En tout cas, tu vas nous dévoiler, selon toi, les erreurs les plus fréquentes que tu vois apparaître dans les chantiers de piscine et les conséquences qu'il y a pour les professionnels. Donc selon toi, quelle est la première erreur ?
BV : Aujourd'hui, ce qui revient très souvent, ce sont des erreurs déjà dans les devis, donc dans la préparation des devis où aujourd'hui, on a des devis qui sont réalisés de façon plutôt générale, sans forcément avoir des précisions, soit sur le matériel installé, soit sur les procédures de chantier. Et derrière, ça va donner lieu à souvent quelques litiges ou quelques problématiques avec le particulier, ou en tout cas avec le demandeur de construction de piscine, puisque des devis, le problème, c'est qu'aujourd'hui, s'ils ne sont pas précis, derrière, peuvent donner lieu à des points litigieux. Donc, on va donner quelques exemples. Si aujourd'hui, on fait un devis sur du remplacement de membrane armée, par exemple, et qu'on ne précise pas la couleur de la membrane, on peut très bien, lorsque le chantier sera fini, avoir un client qui revienne vers le poseur de membrane, en stipulant que la couleur de membrane, ce n'était pas ce qu'il avait convenu au départ, qu'il n'avait pas choisi. Et donc derrière, on se retrouve dans une phase un petit peu litigieuse, et où là, derrière, forcément, vu qu'on n'a pas d'écrit, et on n'a pas de documents contractualisés avec des choses très précises, pour nous, derrière, experts, c'est toujours très compliqué de faire la part des choses et d'arriver à comprendre ce qui a été signé au départ, et ce qui a été un petit peu rendu à la fin. Et donc, le premier, aujourd'hui, litige qu'on voit, c'est surtout, et notamment, sur l'élaboration des devis, où on a très rarement, ou en tout cas pas vraiment souvent, des devis très précis, avec des lignes par étape, qui permet, on va dire, de verrouiller le chantier. On a aussi des devis où, malheureusement, on a très peu de conditions générales de vente. Donc, ça veut dire qu'aujourd'hui, on se retrouve avec de premiers litiges qui arrivent d'entrée de chantier. Par exemple, dans les conditions générales de vente, peuvent être stipulées que, pour la construction de la piscine, le chantier doit être libéré de tout objet qui pourrait, on va dire, déranger à la construction de la piscine. Et puis, finalement, on se retrouve avec des entreprises qui arrivent sur le chantier où les herbes n'ont pas été coupées, où les arbres sont en plein milieu de la piscine qui n'avait pas été mentionnée dans le devis, où le client devait s'occuper. Et j'en passe. Et donc, du coup, on se retrouve déjà dans des phases litigeuses où, finalement, nous, en tant que constructeurs piscine, où les constructeurs piscine n'ont pas, on va dire, à passer clairement la tondeuse sur le chantier pour aménager leur piscine. Et puis, on peut démarrer des litiges comme ça, dès les premières phases, on va dire, de chantier, qui vont aller forcément aussi sur les phases finales où, effectivement, lorsque l'on va avoir des problématiques comme ça, on peut avoir aussi des problèmes sur du matériel que le client n'avait pas finalement signé sur le devis. Et donc, du coup, aujourd'hui, on se retrouve sur des désordres où les clients nous disent, « écoutez, nous, ce n'est pas ce qu'on avait demandé. On voulait avoir une pompe de qualité supérieure et puis, finalement, on a une pompe de qualité inférieure ». Et comme cette pompe ou la marque de cette pompe n'était pas stipulée dans le devis, eh bien, on est déjà sur un litige ou en tout cas sur un désordre qui peut dériver rapidement sur l'expertise judiciaire.
PKM : Donc, en fait, si je comprends bien par rapport à ce que tu dis, l'ère du devis qu'on fait rapidement sur un coin de table, c'est fini, en tout cas, il faut arrêter ça et plutôt travailler une véritable proposition commerciale avec le devis détaillé, avec plusieurs lignes, avec des conditions générales de vente, avec pourquoi pas une fiche d'engagement du client, des détails du projet. En fait, pour toi, la proposition commerciale qui doit être signée avec le client ne doit pas laisser de place à l'interprétation.
BV : Exactement, c'est tout à fait ça. Alors, il faut savoir qu'aujourd'hui, on a deux façons de faire les devis. Il faut savoir qu'aujourd'hui, lorsqu'on notifie « devis », ça reste un devis définitif. Il faut savoir qu'aujourd'hui, on a une autre solution et que nous, puis qu'effectivement, sur Cap Formation, on a une formation juridique où on a beaucoup de chefs d'entreprise qui viennent sur cette typologie de formation là et on explique que, dans les devis, on peut avoir soit un devis qui ait ce qu'on appellerait un devis définitif où toutes les problématiques qui pourraient y avoir sur le chantier ont été pris en compte par l'entrepreneur et donc le devis, il a pris en compte tous ses paramètres. Aujourd'hui, on peut avoir aussi des devis, notamment sur la rénovation où, très souvent, on ne peut pas toujours savoir en réalité ce qu'on va trouver derrière lorsqu'on va, par exemple, déposer un ancien liner d'il y a 20 ans et où derrière, on peut retrouver une structure qui est en mauvais état et où on doit faire une rénovation sur la structure. Si on a signé un devis définitif, il faut savoir qu'à partir du moment où rien n'est stipulé dans le devis et que le client a signé ce devis-là, et bien, il faut savoir que l'entreprise aura l'obligation de prendre en charge les rénovations qui n'étaient pas forcément présentes dans l'élaboration de son premier devis en compte et réaliser les travaux sans faire de devis complémentaires. À partir du moment où on aurait certains doutes, notamment à la rénovation, et bien, on peut faire ce qu'on appelle un devis conventionnel ou conditionnel qui va stipuler à l'intérieur que l'entreprise a X temps, donc elle va avoir un temps donné pour faire une inspection et, derrière, proposer un devis définitif par rapport à ce qu'il aura trouvé derrière. On peut avoir très souvent, par exemple, des litiges, notamment sur de la partie terrassement où, lorsqu'il n'est pas stipulé dans le devis terrassement sans eau ni roche avec dans le devis des annotations complémentaires, si lors du terrassement, on va tomber soit sur de la roche, soit sur de l'eau, et bien, il faut savoir qu'aujourd'hui, par exemple, un terrassement, si vous n'avez pas spécifié dans le devis que si vous tombez sur de la roche, il y aura un devis complémentaire, puisqu'il faut savoir que ça va devenir une autre opération, on va devoir louer des BRH et compagnie pour forcément venir casser la pierre du terrassement. Si le devis n'est pas précis là-dessus, et bien, le client est en droit de dire « Écoutez-moi, vous m'avez stipulé que vous faites un terrassement, il n'y a pas de précision qu'il y ait de la roche ou de l'eau et donc, c'est pour vous ». Et donc, l'entrepreneur devra réaliser le terrassement avec un surcoût, mais qu'il devra assumer. Donc, aujourd'hui, on précise, par exemple, que sur les notions de terrassement, il est nécessaire, alors obligatoire, de préciser dans un devis en annexe, comme quoi si demain, il y a présence de roche ou une présence d'eau, et bien, qu'il y aura un devis complémentaire pour pouvoir faire le terrassement dans de bonnes conditions puisque, forcément, on aura des opérations complémentaires à faire. Si on tombe, par exemple, sur de l'eau, il faudra qu'on puisse drainer le terrain et réaliser une opération de drainage pour qu'on puisse faire la construction, qui vont avoir des coûts complémentaires obligatoirement et pour éviter que ces coûts complémentaires soient supportés par l'entreprise. Et donc, on fait un devis conditionnel, par exemple.
PKM : Ok, super intéressant. Quelle est, selon toi, du coup, la deuxième erreur que tu vois le plus fréquemment ?
BV : Alors, aujourd'hui, en expertise, ce qu'on retrouve très souvent dans la suite, une fois qu'on aura passé l'étape du devis, ce sera une étape de réception de chantier. Alors là, aujourd'hui, clairement, on est vraiment dans le vif sur nos expertises, très souvent. Alors, aujourd'hui, où on a la première partie où l'entreprise n'a pas fait de réception de chantier. Alors, pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, le métier de la piscine est malgré tout très saisonnier et on sait, moi qui étais un ancien gérant d'entreprise de piscine, on sait très bien que, forcément, on est sur des vitesses de croisière, notamment en été, relativement rapide et qu'on ne prend pas toujours le temps de faire des réceptions à temps. Et du coup, il faut savoir que pas de réception de chantiers, on ne va pas inscrire une fin de chantier dans un temps. Et donc, aujourd'hui, on se heurte à soit une non-réception de chantier, c'est-à-dire qu'il n'existe aucun document contractuel de réception de chantier, soit on a une réception de chantiers qui a été faite un peu trop de façon générale et du coup, qui peut porter lieu à des points litigieux entre clients et entreprises. Un petit exemple. On a une entreprise, X, qui pose un liner ou une membrane armée. On sait qu'aujourd'hui, en saison d'été, on va devoir rapidement passer sur un autre chantier parce qu'on a des demandes qui sont importantes et donc, clairement, les chantiers vont s'enchaîner. On décide de faire la réception de chantiers au mois de septembre, au mois d'octobre et donc, laisser les clients utiliser la piscine sur une mise en eau, par exemple, qui a été faite ou qui aura été effectuée, on va dire, aux alentours de mai. Le client utilise sa piscine tout le mois d'été, on va dire, toute la saison d'été et derrière, on a des petits enfants ou des usagers de la piscine qui vont venir endommager le liner, endommager la membrane ou endommager X finition de la piscine. Derrière, ces clients, forcément, vont rappeler le piscinier en souhaitant une intervention et en stipulant, surtout, que la couleur de la membrane armée s'est estompée parce que, potentiellement, le client n'avait pas été informé au préalable qu'il ne fallait pas faire d'améliorations choc trop importantes, qu'il ne fallait pas utiliser de produits trop agressifs et utiliser des produits spécifiques piscine, notamment, par exemple, sur le nettoyage de lignes d'eau et j'en passe, clairement, il peut y avoir beaucoup de problématiques comme ça. Et donc, ce client va appeler l'entreprise et va dire, « écoutez-moi, mon liner, au mois de septembre, on a eu une décoloration du liner ou on a eu un trou dans le liner et on a une fuite ». Le client va appeler le piscinier. Le piscinier, ayant réalisé la mise en eau de la piscine, savait, on va dire, que son liner était, on va dire, posé dans les règles de l'art et derrière, la situation va s'envenimer et va devenir un petit peu conflictuelle et où on va se retrouver dans une position où le dialogue est rompu. De là à derrière, ça part en procédure judiciaire et un expert judiciaire, qu'est-ce qu'il va demander ? La première des choses, il va demander une réception de chantier dans laquelle devrait avoir, on va dire, plusieurs compartiments sur l'établi chantier et notamment, est-ce que la membrane a été posée dans les règles de l'art ? Est-ce que la membrane armée est bien la couleur que le client a choisie ? Et une réception qui permet de donner la responsabilité de l'entreprise au client. Si cette réception n'est pas faite, on considère que, premièrement, le client n'a pas été informé sur les produits à employer, sur l'utilisation de son bassin et donc, nous, experts, même si des fois, on peut se retrouver dans des situations où on sait que le piscinier fait du travail qualitatif et on ressent des fois, malheureusement, que ce sont des clients qui sont des fois un petit peu plus procéduriers, cependant, le problème, c'est que c'est le document contractuel qui va compter et donc, le piscinier sera en responsabilité de ce qui s'est passé durant l'été, puisqu'on n'aura pas eu de transfert de responsabilité entre le piscinier et le client.
PKM : Et en fait, il y a beaucoup de pisciniers qui pensent que le paiement final fait office de réception d'un site de chantier, mais ce n'est pas le cas.
BV : Effectivement, alors, il y a quelques années, le paiement final des chantiers faisait fois de réception d'un site. Alors, aujourd'hui, il faut savoir que ce n'est plus du tout le cas, notamment dans le bâtiment, clairement. Donc, aujourd'hui, tout ouvrage, une piscine, doit avoir obligatoirement un document de réception de chantier signé entre les parties qui fait démarrer une garantie qu'on appellera la garantie de parfait achèvement, donc qui va courir pendant un an, où là, le piscinier devra intervenir en garantie sur ce qu'il pourrait y avoir de désordre rapidement derrière le chantier. Puis, on va avoir ce qu'on appellera les assurances décennales qui démarreront, notamment sur les ouvrages, et où, derrière, on aura la prise en compte de l'assurance. Mais effectivement, aujourd'hui, le paiement final de chantier ne fait plus fois de réception d'un site d'ouvrage. Donc, en fait, il y a le devis qui n'est pas assez précis, il y a le complément de chantier qui est effectivement en cours de route, un client va demander une extension de chantier, et donc du coup, le piscinier faisant confiance, on part, et puis, derrière, on n'a pas eu de devis contractualisés, et c'est une opération qui a été faite un petit peu, on va dire, de façon gratuite, et après, du coup, la réception de chantier.
PKM : Alors, tu as une autre erreur à nous partager, que tu vois très souvent en cas de litige.
BV : Alors, effectivement, l'erreur qu'on voit aussi assez fréquemment, ce sont sur des devis où, en cours de chantier, les clients vont demander une opération complémentaire. Alors, par exemple, une opération complémentaire, ça veut dire que les clients peuvent demander soit une montée en gamme en termes de produits, sur une membrane armée, sur un liner, ou sur, par exemple, une pose de traitement automatique. Ça peut être également, par exemple, sur des plages béton qui pourraient, que le client n'avait pas imaginé sur le devis initial, et en cours de route, effectivement, le client indique au piscinier que, lors du coulage béton de la piscine, il souhaiterait faire une extension de plage, donc, en tout cas, de plage béton autour de la piscine. Et, alors, il faut savoir que le métier de la piscine, on a quand même une relation avec nos clients qui sont autres que dans certains métiers, et, effectivement, s'installe assez rapidement une relation de confiance, clairement. Et donc, du coup, très souvent, ce qu'on va voir, c'est que le piscinier va prendre en compte cette demande sans forcément, derrière, faire un devis complémentaire sur l'opération qui est demandée par le client. On va jouer à la confiance, et donc, on va imaginer que le client avait demandé de réaliser 20 mètres carrés de plage béton complémentaire. Et donc, le piscinier s'exécute, lors du coulage béton, il va mutualiser, on va dire, les arrivées du béton pour couler la piscine ou pour couler autre chose, pour pouvoir couler les plages complémentaires du client. Et, bon, donc, par confiance, le chantier, effectivement, va se finir, et puis, à la fin du chantier, le piscinier va faire cette facture complémentaire au client, et on peut avoir, là, une situation litigieuse où le client va dire, « écoutez, moi, je vous ai rien demandé ». Ou alors, il va vous dire, « écoutez, moi, je n'ai pas de devis signé ». C'est une opération qui a été réalisée sans un document contractualisé, donc, autrement dit, sans un document qui a été signé entre les parties. Et puis, là, très souvent, on se retrouve avec des opérations qui deviennent un petit peu gratuites pour les clients, et où on a pas mal d'entreprises qui nous appellent, alors que c'est moi ou des confrères experts, qui nous demandons, justement, qui sont en point de litige sur des opérations qui n'avaient pas été mentionnées dans le devis et qui avaient été faites de façon complémentaire en cours de route. Et ils nous demandent qu'est-ce qu'ils peuvent faire d'un point de vue juridique pour s'extraire de cette partie-là. Et malheureusement, aujourd'hui, il faut savoir qu'il n'y a pas grand-chose à faire, puisque, comme le devis n'a pas été contractualisé et il n'y a pas eu de devis complémentaires sur cette opération, ça sera une opération blanche, on va dire, ça sera une opération qui sera un petit peu pour le client, malheureusement. Et donc, le piscinier, ce qu'on conseillera très souvent, c'est de ne pas partir forcément sur des procédures sur ce type d'opération, parce qu'il n'y aura pas forcément de gain de cause là-dessus.
PKM : D'accord. Est-ce que tu aurais un conseil d'organisation à transmettre au piscinier pour faire en sorte que sur tous ces documents, ils aient les bons réflexes ?
BV : Aujourd'hui, il faut savoir qu'on a plusieurs organismes qui peuvent les accompagner, alors que ce sont des organismes de formation, il faut savoir qu'il existe plusieurs centres de formation en France qui peuvent accompagner ces entrepreneurs sur toutes ces problématiques qu'on peut avoir par rapport à ces devis définitifs et ces devis conditionnels. On peut avoir aussi, on a une fédération piscine aujourd'hui, qui lorsque les pisciniers veulent adhérer à cette fédération, et bien la fédération, il faut savoir qu'ils ont un espace professionnel en ligne, dédié au professionnel, où à l'intérieur, ces professionnels vont pouvoir retrouver des documents, on va dire contractualisés, qui est déjà élaboré de façon juridique pour éviter justement ce type de litige. Et donc, à l'intérieur, on va retrouver par exemple des devis qui vont être rédigés de façon juridique, on va dire, des documents de réception de chantier, on va retrouver tout un tas de documents aussi pour les ouvertures de chantier, les fins de chantier, et donc effectivement, moi, ce que vraiment, nous on dit en tout cas sur nos centres de formation, c'est qu'on encourage en tout cas toutes ces personnes à essayer de faire des montées en compétences au niveau juridique dans leurs entreprises pour pouvoir faire des devis plus précis, des réceptions de façon plus quotidienne, on va dire, et ne pas attendre trop longtemps pour faire une réception de chantier, et se faire accompagner par des organismes qui peuvent justement leur apporter un petit peu toutes ces précisions pour qu'ils ne se retrouvent pas en situation de litige en cours de route.
PKM : Merci beaucoup, Benjamin, pour tous ces conseils et le partage de ton expérience. Pour conclure cet épisode, je vais te laisser le mot de la fin.
BV : Écoutez, le mot de la fin, ça sera surtout ne jamais prendre à la légère tous les documents contractuels qui vous liera à votre client, et surtout, lorsque vous allez faire une étude sur vous-même, et en tout cas sur les opérations que vous faites ou que vous réalisez par rapport à votre entreprise, mettez-vous toujours en situation de litige afin de voir peut-être et potentiellement les erreurs qui pourraient induire à une procédure avec votre client.
PKM : Merci beaucoup pour ta participation à cet épisode, et je te dis à très bientôt.
BV : Merci.
PKM : J'espère que cet épisode vous aura plu, et surtout qu'il vous aidera à bien protéger votre activité et votre entreprise grâce aux précieux conseils de Benjamin.
À bientôt dans un prochain épisode !




