« Mon frère, Alain CHOURAQUI, nous a quittés, à la veille de ses 81 ans

 Alain naît à Alger en 1939. 
C'est un enfant studieux et très sérieux. Mais, au lieu de faire de grandes études, pour lesquelles il a les compétences, il travaille avec mon père, qui possède à l'époque un commerce de cuirs et peaux, à Bab El Oued, quartier populaire d'Alger. 
En plus de cet emploi, il aide l'un de nos cousins, Eugène MEDIONI, Représentant en vêtements de travail Adolphe Lafont en Algérie, comme Représentant à Alger.

En 1962, le 6 juin exactement, ma mère nous confie deux valises remplies de vêtements et d'argenterie, car il nous faut quitter précipitamment l'Algérie qui va devenir indépendante.
« La valise ou le cercueil » disait-on...
C'est la débandade, la désolation, la débâcle.
Il nous faut prendre l'avion depuis Constantine, car nous n'avons pas trouvé de places, ni par avion, ni par bateau, pour rejoindre « la France, notre patrie » depuis Alger. Avant de rejoindre Constantine, c'est le voyage en train, d'Alger à Sétif, où des parents nous attendent pour la suite du périple. Nos deux valises sont volées dans le train, nous laissant sans rien...

Arrivée le 6 Juin 1962 à Marseille sans le sou, sans aucun bagage... Il fait un temps radieux. Mais dans l'aéroport, règne une atmosphère de panique et de souffrances. Des bus attendent les rapatriés en perdition, un peu hagards, pour les emmener dans différentes villes de France. 
Nous avons une vague adresse d'un fournisseur de notre père, à Romans-sur-Isère, ville de la chaussure. Par chance un bus s'y rend. Nous devons être, tout au plus, 15 rapatriés à prendre cette direction. 
Notre arrivée est adoucie par l'accueil amical et réconfortant du maire de la ville, qui nous loge gracieusement dans un hôtel. Le lendemain, après un rapide examen de nos compétences professionnelles, l'équipe communale nous trouve du travail. Alain, chez Adolphe Lafont, connaissant déjà cette marque, et moi, chez un géomètre. 

En 1965 Alain, veut rejoindre la capitale pour se marier. Il se fait embaucher chez Culligan, comme Vendeur d'adoucisseurs. Très vite, le Pdg de la filiale française, Alain BRENOS, lui confie les rênes du secteur de la Touraine, une zone à créer et à développer. 
C'est donc à Tours qu'Alain s'installe et crée Culligan Val-de-Loire. Là, il vend et pose des milliers d'adoucisseurs d'eau, des filtrations industrielles et des osmoseurs, dans la région Centre. Il reprend également l'agence de Rouen. 

Quelques années après, il crée l'Institut de la Piscine et devient le leader local d'installations et de constructions de piscines...
Alain est un vendeur exceptionnel et très bon formateur. Comme il aime à le dire, « Il faut asseoir sa vente ». Le client, après avoir signé le bon de commande doit être pleinement confiant vis-à-vis du vendeur et pouvoir le remercier pour l'achat qu'il vient de faire.
Il réalise en Touraine des centaines de belles et formidables piscines, familiales et collectives. Plusieurs de ses clients deviennent de très bons amis.
Son fils Laurent le rejoint et reprend l'Institut de la Piscine après plusieurs années de collaboration.

Homme généreux, Alain transmet ses connaissances, d'abord à la Chambre de Commerce de Tours, en tant que Formateur et Conseiller professionnel, puis comme Juge au Tribunal de Commerce.
J'étais très ému de reconnaître, lors de ses funérailles, d'anciens collaborateurs d'Alain, aujourd'hui à la retraite, venus lui rendre un dernier hommage.
Il était respecté de ses clients, de ses fournisseurs, de ses banquiers, de sa famille... Et pour être respecté, il faut être respectable. Alain l'était plus que tout autre.

Il nous laisse un grand vide.
Lui qui a tant fait, pour moi, me plongeant dans le monde du traitement de l'eau et de la piscine, mais aussi, pour ses enfants, ses collaborateurs et amis, dans ce monde si beau, mais aussi cruel.

Il s'en est allé ce 12 août, à la veille de ses 81 ans.
Qu'il repose en paix. 
Il va nous manquer. 
Il nous manque déjà. »

Richard Chouraqui