Le stabilisant vous pose un problème ?

 

 

Fanny Hourlier

Fanny HOURLIER

 

Nous avons rencontré Fanny HOURLIER, en charge de la chimie de l’eau au sein du bureau d’études de PROCOPI, qui nous a parlé du stabilisant dans l’eau de piscine.

 

Fanny HOURLIER, quelle formation exacte avez-vous suivie ?

Je suis Ingénieur en Chimie de l’Eau et Docteur en Génie des Procédés. Cela regroupe tous les aspects de la chimie appliquée aux procédés en industrie. J’ai principalement travaillé lors de mon doctorat sur le recyclage des eaux usées par filtration membranaire, donc essentiellement sur la Chimie de l’Eau.

Quel est votre tâche chez PROCOPI ?

Je suis en poste depuis 10 mois chez PROCOPI, il s’agit d’une création de poste, qui comprend 2 facettes.

La première, celle d’Ingénieur en Chimie de l’Eau, va traiter de la compréhension des phénomènes chimiques en présence dans l’eau de piscine, puis de l’amélioration continue des produits chimiques de traitement et le développement de nouveaux produits. Je soutiens également le service après-vente pour ce qui concerne les problématiques complexes liées à la chimie de l’eau.
La seconde partie de mon travail consiste à animer le bureau d’études par des projets, dont j’assure le suivi complet. Il peut s’agir de la conception d’une petite piscine bois par exemple. La durée des projets de l’équipe du bureau d’études est très variable, allant de quelques heures à plusieurs années.

Parmi les problématiques abordées lors des formations PROCOPI, le sujet du stabilisant dans l’eau semble poser problème à une majorité de professionnels n’est-ce pas ?

En effet, l’emploi du stabilisant, comment l’utiliser, les problèmes de sur-stabilisation… semblent être des sujets qui intéressent les professionnels. Je dispense des formations depuis le mois de décembre et c’est un sujet sur lequel nous avons beaucoup de retours des clients. Ils sont satisfaits d’avoir compris le pourquoi du comment en la matière.

Et quel est le souci ?

Le souci vient du fait que dans les piscines privées traitées aux galets de chlore, qui sont constitués de chlore stabilisé, le stabilisant s’accumule. Proposé sous forme de dichloroisocyanurate de sodium ou d’acide trichloroisocyanurique, le chlore est systématiquement stabilisé pour pouvoir être conditionné en galet. Mais la piscine, si elle a besoin de chlore, n’a pas systématiquement besoin de stabilisant en même temps. Nous voyons le cas parfois de piscines qui, après toute une saison de galets, affichent un taux de stabilisant de 50, 60 voire 70 ppm ! Sans compter que le propriétaire ajoute encore l’année suivante du chlore stabilisé, et l’eau de la piscine est alors sur-stabilisée.

 

pooltest

Pooltest 9

A quoi sert le stabilisant exactement ?

Le stabilisant est utile, car il protège le chlore des U.V.A qui le détruisent. Dans une eau de piscine non stabilisée et exposée aux rayons du soleil, le chlore mis dans la piscine le matin, est détruit le soir.
Ce produit permet donc de consommer moins de chlore en évitant son gaspillage. Mais au-delà d’une certaine concentration en stabilisant, le potentiel redox de l’eau diminue si fortement que cela conduit à rajouter du chlore, pour conserver une quantité suffisante de chlore actif dans l’eau. Ou bien l’eau tourne et devient verte du fait de la prolifération d’algues par l’absence d’action oxydante du chlore.
Le problème est que la législation sur les piscines publiques, dont s’inspirent les particuliers pour le traitement de leur piscine, a établi le plafond de taux de stabilisant à 75 ppm. Et nous nous sommes aperçus par expérience, que c’est beaucoup trop élevé. A ce taux de stabilisant, la capacité d’oxydation du chlore est considérablement diminuée. Le taux idéal de stabilisant doit se situer, selon les régions et donc l’ensoleillement, entre 15 et 30 ppm pour conserver un potentiel redox adéquat.

Comment mesurer le taux de stabilisant ?

Cela se fait très facilement avec un photomètre. C’est une mesure qui est très stable. Si vous le mesurez un jour, 5 jours après, vous avez quasiment le même taux. Donc, il n’est pas nécessaire de le mesurer quotidiennement.

L’idée serait de faire venir le client au magasin du piscinier avec un échantillon d’eau de sa piscine ?

Oui, c’est cela. Pour des clients qui utilisent le galet de chlore, l’idéal est d’apporter un échantillon au moins en début de saison, pour estimer la composition de l’eau. Ainsi le piscinier peut lui prescrire le traitement correct et approprié, en particulier s’il est équipé d’une station d’analyse LabelSoft. Cette solution complète (photomètre Pooltest 9, ordinateur portable équipé du logiciel LabelSoft et imprimante) permet entre autres au piscinier d’éditer une analyse complète de l’eau ainsi que des recommandations de traitement personnalisées et quantifiées, en fonction des caractéristiques de la piscine.

 

Labelsoft

Station d'analyse LabelSoft

 


 

Aquaclorit

Aquaclorit

Chlore liquide

Chlore liquide

C’est dans ce sens que vont nos formations. Le piscinier doit pouvoir dire à son client : « votre eau contient déjà 30 ppm de stabilisant, si vous mettez un galet par semaine pendant toute la saison, à la fin de la saison ça n’ira pas », ou encore : « il serait judicieux de réaliser de fréquents rétro lavages du filtre, qui, en plus d’améliorer la qualité de la filtration, permettent de réduire régulièrement la concentration en stabilisant dans votre piscine », voire même : « attention, il va falloir traiter pendant quelques semaines au cours de la saison avec un chlore qui ne soit pas stabilisé, pour faire baisser la concentration en stabilisant. »

S’il y a trop de stabilisant, comment le détruire ?

Et bien on ne peut tout simplement pas.

Il faut vider sa piscine ?

Exactement. Aujourd’hui, en cas de forte sur-stabilisation, la seule solution c’est la vidange, partielle ou totale.


Il faut faire attention lors de ces vidanges, car le stabilisant se concentre plutôt au fond de la piscine. Il faut donc vidanger le bassin uniquement par la bonde de fond après avoir stoppé la circulation de l’eau pendant 24 heures. Mais on peut éviter cette situation en veillant à très régulièrement envoyer à l’égout les eaux de rétro lavage des filtres, ou les eaux de nettoyage manuel du bassin.

 

 

 

 

 

 

 

 

Spécial PROS n°12

 

 

 

â–º Article issu du "Spécial PROS N°12"

Le Magazine des Métiers de la Piscine et du Spa

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