Frédéric Marmande, administrateur membre du Collège Abriteurs à la FPP et Président d'Abridéal, rencontré lors des dernières assises de la FPP à Marseille, nous révèle un nouveau tournant pour les abris de piscine. Entre la crise de l'eau et un marché de la piscine ayant pris un nouveau départ, le regard désormais porté sur cet équipement n'est plus le même. Il nous explique pourquoi. 

Attention : les abris ne seront plus perçus de la même façon ! 

Tout d'abord, pouvez-vous replacer le marché de l'abri dans la nouvelle conjoncture ? 

Frédéric Marmande : Comme pour la piscine, après les deux années d'euphorie, c'est un retour à la normale qui s'opère. Il faut toutefois préciser que le marché de l'abri bas (qui reste le plus important, puisque 80,1 % des ventes sont réalisées avec des abris bas) est porté par des achats spontanés. Sauf à proximité d'un site classé, il ne nécessite pas, en général, de demande d'autorisations administratives. Il se positionne aussi facilement avec un budget accessible. De ce fait, il est extrêmement réactif aux tendances du marché. En revanche, celui de l'abri haut, avec un équipement d'un investissement plus conséquent et la nécessaire élaboration d'un projet d'intégration comportant de nombreuses possibilités d'options, subit à l'évidence une certaine inertie. Des  projets bloqués durant la période covid sont en train de voir le jour en 2023. Il existe donc une disparité entre les abris hauts et bas qui devrait rapidement s'estomper. Mais globalement, le marché affiche un retour à la normale, avec une saisonnalité à nouveau marquée. Il reste toutefois supérieur en volume à celui d'avant 2019. L'optimisme est donc de rigueur, même si les constructions neuves affichent une baisse. Le potentiel d'équipement sur le parc existant reste immense ! 

Tout récemment, en avril dernier s'est réunie la commission des Abris de la FPP. Qu'en est-il ressorti ? 

Frédéric Marmande : Contrairement aux couvertures qui ont tout récemment vu certaines dispositions de leur norme NF P 90-308 modifiées (notamment sur les dispositifs de télécommande et les systèmes anti-coincement), les abris n'ont pas de modifications en vue concernant la NF P 90-309. Par contre, afin d'accompagner la dynamique vertueuse impulsée par l'arrivée de la norme environnementale pour les piscines privées, les membres de la commission abri travaillent à la réalisation d'études de mesure de l'impact positif de l'équipement Abri. 

La refonte du baromètre annuel concernant les ventes d'abris de piscines sur le territoire national est également un sujet d'actualité, afin de mieux évaluer les chiffres de la profession. 

L'abri est en train de muter vers de nouvelles fonctionnalités ? 

Frédéric Marmande : Non, il reste toujours l'équipement idéal pour protéger, sécuriser et prolonger la saison des baignades. Mais, alors qu'il était avant tout perçu comme un moyen d'assurer plus de sécurité (lorsqu'il est conforme à la norme NF P 90-309) et plus de confort, il devient aujourd'hui prioritairement le garant des économies qu'il nous faudra tous faire, compte tenu des circonstances que nous connaissons (augmentation du coût de l'énergie et crise de l'eau). 

Rappelons qu'un abri, c'est une augmentation naturelle de la température de l'eau de 6 à 10 degrés grâce à l'effet de serre. C'est aussi le moyen de limiter l'utilisation des produits de traitement en préservant le bassin des pollutions extérieures (chute de feuilles, d'insectes, de terre, sable, pollen, etc.). Et bien sûr, c'est également une maîtrise de la consommation d'eau par la limitation de l'évaporation. 

La communication sur l'abri va donc changer ? 

Frédéric Marmande : Oui, il faudra désormais valoriser l'abri en quantifiant les économies qu'il est capable d'apporter. C'est ce sur quoi nous travaillons actuellement au sein de la commission abris. Dire qu'il permet de gagner plusieurs degrés sur la température de l'eau n'est pas (ou plus) suffisant. Il faudra concrètement estimer le gain sur la consommation énergétique et l'exprimer en économies. La prise de conscience concernant les économies est forte. C'est donc sur ce point qu'il faudra mettre l'accent afin de révéler à quel point l'abri est un atout désormais incontournable. Cette nouvelle communication doit s'adresser aussi bien aux projets dans le neuf qu'en rénovation. Il est tout aussi indispensable que le parc actuel de piscines "non couvertes" s'équipe pour faire chuter les consommations. 

En parallèle, y a-t-il de nouvelles pistes d'amélioration pour les abris? 

Frédéric Marmande : Bien sûr. Si les motorisations solaires ont déjà été largement développées pour les ouvertures et fermetures, on voit désormais apparaître des solutions intégrant le photovoltaïque afin de permettre l'alimentation d'une pompe à chaleur, de l'éclairage... Dans un autre domaine, il existe des développements pour les matériaux anti-condensation, des techniques de récupération de ces eaux... Les possibilités d'évolution sont encore nombreuses. 

Il faut enfin signaler, en ce qui concerne la loi REP, que notre profession avait déjà entrepris de nombreuses actions pour trier les déchets et organiser les collectes destinées au recyclage et à la valorisation des chutes de production. En plus d'être un équipement durable, l'abri est composé de matériaux recyclables. L'arrivée de cette obligation légale, si elle a pu représenter une contrainte pour certains secteurs d'activité, n'en a pas été une pour les abriteurs !  

Les derniers chiffres clés* 

  • 16 443 nouveaux abris ont été installés en 2021 : un chiffre record, en hausse de +13,2 % par rapport à 2020. 
  • 250 000 abris ont été installés en France : un parc existant à fort potentiel de renouvellement. 
  • 7 000 EUR et 15 000 EUR pour les abris bas, et à partir de 20 000 EUR environ pour les abris mi-hauts et hauts : ce sont les prix constatés sur notre territoire national. 
  • 9 abris sur 10 sont « made in France » : une marque incontestable de savoir-faire et d'expérience. 
  • 31 fabricants français sont présents : une représentation attestant de la maturité du marché. 

*Estimations FPP